Exploitation forestière à Madagascar.

Exploitation forestière à Madagascar.

INTRODUCTION :

dsc02163L’exploitation forestière et la vente de bois sont des affaires qui marchent à l’heure actuelle. Le nombre d’exploitants forestiers, qu’ils aient une autorisation légale ou non, augmente. Le nombre de marchands de bois suit la même tendance à Antananarivo et ses environs. Qui se trouve derrière ce trafic ? Que va-t-il advenir au pays et aux générations futures si la surexploitation forestière continue ? Nous essaierons de répondre à ces questions.

Chaque quartier d’Antananarivo a son point de vente de bois et dispose de matériel de scierie. On en trouve par exemple à Andravoahangy, Ivandry, Anjanahary, Isotry, Anosizato, Anosibe, Andohatapenaka, Tanjombato, Ambohimanarina, Mandroseza et autre. Le nombre de marchands de bois est difficile à dénombrer à l’heure actuelle. Aussi bien la commune que les responsables de l’environnement ne disposent pas de statistiques.

Force est de constater que la vente de bois est une affaire qui marche et qui nourrit plusieurs familles en amont comme en aval. Il existe un réseau qui part de l’exploitation, passe par le transport pour aboutir à la transformation en produits consommables. Tout le monde y trouve son compte, aussi bien les camionneurs, les tireurs de charrettes, les manutentionnaires, les menuisiers, ceux qui évoluent dans le bâtiment comme bien d’autres encore.

Le bois utilisé dans tous les secteurs provient de nos forêts. Certaines entreprises ont des autorisations spéciales pour les exploiter. Une règlementation régit l’exploitation des forêts. La protection de l’environnement et de la biodiversité naturelle figurent dans cette règlementation. L’exploitation rationnelle pour les générations futures est aussi un point très important.

De ce fait, une entreprise doit suivre les règles en matière d’exploitation forestière. Parmi ces règles, figure l’interdiction de transporter du bois de nuit afin d’en faciliter la surveillance. Or, transporteurs comme camionneurs  ignorent la véritable raison de cette interdiction. Parmi eux, certains sont dans l’incertitude, d’autres ignorent vraiment les motifs.

 

Toujours est-il que les exploitants illicites sont nombreux ?

Ils n’ont pas d’autorisation. Cette présence d’exploitants illicites est souvent à l’origine de la destruction de nos forêts. Seulement 18% de la superficie de Madagascar sont recouverts de forêts naturelles dont 8,1% se trouvent dans la région Est et le reste est éparpillé dans les autres régions.

Le taux de destruction de forêt atteint 1500 km2 par an. Selon les statistiques du WWF en 2014, près de 36 000 hectares de forêts sont détruits chaque année à Madagascar en raison de l’utilisation du charbon de bois comme combustible. Près de 92% des Malgaches utilisent le charbon comme combustible. Il y a par ailleurs l’utilisation de bois de chauffe et de bois dans le bâtiment. La région Est est la plus affectée.

Par ailleurs, les entreprises qui disposent d’autorisation, exporte. Il en est ainsi des planches, du bois traité, des chevrons, des palettes. Depuis 2006, ce bois est exporté vers les îles de l’Océan Indien.  On exporte 10 à 15 containers partent de Madagascar chaque semaine. Un container contient 42m3. Cette entreprise a exploité 7000m3 de bois en 2015 et a obtenu entre 4000 et 5000m3 de bois transformé.

Si on fait le compte, plusieurs millions d’arbres sont coupés chaque jour et des forêts d’innombrables superficies sont détruites. A cette situation viennent s’ajouter les feux de brousse et la pratique de culture sur brûlis.

 

Antananarivo !

Si on revient sur Antananarivo, force est de constater que plusieurs tonnes de bois y sont acheminés chaque semaine. Il ne s’agit que du bois destiné au secteur du bâtiment. Au marché d’Isotry, par exemple, 500 tonnes de bois par jour circulent chez environ 30 marchands. Cela veut dire que le marché est prospère et que les Malgaches ne peuvent se défaire de l’utilisation de bois.

En général, les exploitants forestiers qui ont obtenu une autorisation se chargent de la livraison chez chaque débiteur de bois. La livraison dépend de la commande. Un marchand se fait livrer 2 à 3 fois par semaine.

Ces 5 dernières années, le prix du bois n’a cessé de grimper dans la capitale. Dernièrement, cette hausse a été de 20 à 30%. Si auparavant, une planche de 4 mètres coûtait 2500 ariary, elle vaut actuellement 3000 ariary. Une planche de 2 mètres qui coûtait 1500 ariary, vaut désormais 2000 ariary.

Tout bois destiné à la construction a enregistré une hausse de 500 ariary. Il en est ainsi des planches, du bois rond, des voliges et autres. Les bois de plus gros calibre, qu’il s’agisse du bois de pin, d’eucalyptus, que du bois du pays, a accusé une hausse de 10 000 ariary. Si le pin coûtait 50 000 ariary, il vaut actuellement 60 000 ariary. Certains bois du pays coûte jusqu’à 70 000 ariary. Les marchands imputent cette hausse à plusieurs facteurs.

Cette augmentation du prix du bois a incité un grand nombre d’opérateurs malgaches à s’intéresser au secteur. Le bois est essentiel à la vie de la population. Il est notamment utilisé dans le bâtiment, pour la fabrication de meubles, le bois de chauffe, le charbon, les différentes infrastructures, l’artisanat…

Ainsi, de nombreuses familles vivent de la fabrication de meubles notamment ceux qui utilisent des machines à tour, les menuisiers, les marchands de meubles, qu’il s’agisse d’entreprise ou d’individu.

Ces charretiers se trouvent à proximité des ateliers bois. Ils sont une trentaine et deux par deux, livrent les meubles ou le bois en provenance des marchands et qui doit être transformé à l’atelier. Le prix de la course est en fonction de l’éloignement géographique du lieu de livraison et des difficultés pour y parvenir. Elle varie de 3000 ariary à 20 000 ariary.

Hormis le transport à charrette, de nombreux véhicules transportent le bois dans la capitale. A l’heure actuelle, le prix du transport est en hausse aussi bien à partir de la source que dans la capitale.

L’utilisation du bois est indissociable des travaux de construction. 30% du devis envisagé pour la construction d’une maison sont affectés à l’approvisionnement en bois. Mais à l’heure actuelle, les dépenses dévolues au béton et celles affectées au bois se trouvent à égalité. Nous parlons ici des constructions d’envergure. Les entrepreneurs doivent utiliser des bois ronds, des planches et des madriers. La majorité de la population utilisent en ce qui la concerne, le bois en totalité pour ses travaux. Les murs sont en bois, de même que les portes et les fenêtres, les escaliers et autres.

A Antananarivo, 80% des personnes qui font des constructions en bois, louent le terrain où elles s’implantent. Selon les investigations, deux raisons majeures les poussent à construire en bois. L’aspect économique d’abord : les briques reviennent chères s’il faut construire en dur. Par ailleurs, vu qu’ils louent le terrain, ils préfèrent construire en bois. Construire en bois est moins onéreux que construire en briques mais les dégâts sont plus importants en cas d’incendie.

Dans un tel cas, le feu se propage aux autres habitations et ne s’arrête que quand tous les alentours sont brûlés. C’est ce qui s’est passé à Andravoahangy où il y a des incendies presque chaque année, à Antsalovana, Ambodin’Isotry, Andohatapenaka  et Ankasina dernièrement.

 

Les Problèmes majeurs :

L’un des problèmes majeurs de l’exploitation forestière à Madagascar est l’exploitation illégale. Mais il y aussi les feux de brousse et les cultures sur brûlis. La destruction des plants d’arbres dans le cadre des reboisements effectués par les associations, les entreprises, les politiciens et les différents ministères vient se greffer au problème. Ces plants ne font l’objet d’aucun soin. L’herbe alentour pour parer aux feux n’est jamais coupée. L’insuffisance de personnel et de matériels de surveillance constitue un autre problème.

Jusqu’à maintenant, les dirigeants n’ont entrepris aucune action d’envergure pour mettre fin à l’exploitation forestière illicite.

Ces 40 dernières années, les zones humides ont diminué de 1,5% par an en raison de la dégradation de l’environnement. L’utilisation du bois, aussi bien dans le bâtiment que comme combustible contribue à la destruction de la forêt. La superficie recouverte de forêt naturelle a diminué de 66%. En 2005, la superficie recouverte de forêt naturelle s’élevait à 12 millions d’hectares. En 2016, elle n’atteindra plus que 8 millions d’hectares.

Il existe un cadre réglementaire régissant les forêts à Madagascar mais son application demeure un problème jusqu’à présent. C’est ce qui explique l’exportation illicite des différentes richesses forestières. Il en est ainsi des différentes essences de valeur et des feux de brousse. Résultat : l’eau fait défaut, les cultures se dégradent, l’autosuffisance alimentaire est en péril sans parler de la détérioration du climat et de la destruction de l’environnement. La solution durable à ce problème réside dans le reboisement, et dans la sensibilisation des communautés locales dans la protection des forêts et de l’environnement.

La population qui vit dans les aires protégées doit suivre et respecter plusieurs règles. Il n’existe pourtant pas de structure de surveillance à la base, ce qui empêche d’atteindre les objectifs.

Jusqu’à maintenant, seule une entreprise est dotée d’un « Certificate Forest Stewards Council » à Madagascar. Il s’agit d’une autorisation d’exploiter selon des normes respectueuses de l’environnement et soucieuses des générations futures.

Il est donc nécessaire de trouver des solutions pérennes pour la responsabilisation de l’exploitation forestière. Jusqu’ici pourtant, les responsables affirment que le ministère responsable s’attèle pour le moment à réviser le cadre juridique régissant les forêts.

Cela veut-il dire que les dirigeants restent dans l’expectative de ces nouvelles lois avant de prendre les mesures qui s’imposent?

L’une des solutions avancées réside dans l’utilisation de matériaux autres que le bois. Il en est ainsi du charbon constitué de boue et d’herbes sèches, ou du son de riz et de la poudre de bois produit par des chercheurs malgaches. Cela peut contribuer à la protection de l’environnement et à valoriser le travail des chercheurs malgaches.

L’éducation des enfants, le respect des lois ayant déjà existé, l’interdiction d’introduire des  végétaux de l’extérieur, la mise en place de pare feux et le reboisement sont des méthodes simples pour protéger les forêts. Le reboisement est une pratique connue de tous mais l’entretien des plants d’arbres et la surveillance font défaut.

 

CONCLUSION :

En général, les forêts sont source de bienfaits pour l’homme. Elles gardent l’eau et protègent de l’érosion, elles fournissent de la nourriture comme les fruits, le gibier, les ignames, les bananes et bien d’autres encore. Elles fournissent des plantes médicinales qui peuvent être utilisées dans la vie de tous les jours. Elles sont un foyer pour les animaux et purifient l’air.

Personne ne peut se débouter de ses responsabilités dans la protection des forêts : fokontany, communes, associations, communautés de base et les dirigeants en premier lieu.

Chacun doit prendre ses responsabilités dans la protection des forêts. Tous sont responsables en particulier ceux qui vivent à proximité des 122 aires protégées à Madagascar doivent être vigilants quant à l’exploitation forestière.

Force est de constater que la protection des forêts nécessité de gros efforts à Madagascar. Les forêts occupent une place importante dans la vie de l’homme, aussi bien au niveau de l’air qu’il respire, de son environnement qu’à celui de son habitat.

 

Une réflexion sur “Exploitation forestière à Madagascar.

  1. Bonjour, quelles sont les entreprises à madagascar qui detiennent le « certificate forrest steward council » en 2018 ? Merci par avance pour votre reponse.

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